VEF Blog

Titre du blog : BENZELIKHA ECRIVAIN
Auteur : MeilleursLivres
Date de création : 23-12-2019
 
posté le 26-12-2019 à 13:43:40

LE MYSTERE DE LA ROQYA DE CERVANTES / LES ALLEGORIES DE BENZELIKHA

Livre /«La roqya de Cervantès» : Une écriture à allégories multiples
Publié dans Info Soir 


«La roqya de Cervantès» est un roman écrit par Ahmed Benzelikha et paru aux éditions Alpha, dans lequel l'écrivain réinvente le mythe de Miguel de Cervantès.

 

Le roman raconte l'histoire d'un homme tourmenté par le fantôme d'un écrivain célèbre, qui n'est autre que le mythique Miguel de Cervantès.
Depuis quelque temps, Braham voit son père lui venir en rêve et lui exhorter d'apprendre l'espagnol. Il voit aussi dans ses rêves Cervantès. Ses rêves affectent de plus en plus sa vie. Il va donc consulter un psy, mais rien n'y fait. C'est alors qu'il accepte de voir un raqi (un exorciste). Et à sa grande surprise, l'exorciste découvre que Cervantès a pris possession de Braham.

 

 

 

Interrogé sur ce qui l'a inspiré à écrire le roman, Ahmed Benzelikha répond : «L'inspiration est une chose difficile à motiver ou même à expliquer, elle relève souvent d'une sorte d'alchimie particulière propre à la créativité littéraire.

 

Toutefois on peut tenter, quoiqu'a posteriori, de dégager des éléments de motivation. Je crois que deux ou trois choses m'ont poussé à écrire ce roman.

 

D'abord la portée humaniste, que recèle pour moi, toute entreprise littéraire portée, à mes yeux, à témoigner et à participer de l'éternel humain.

 

Ensuite mon intérêt pour l'Espagne et sa civilisation, loin des clichés ‘andalousiques', qui, souvent, masquent, pour nous, la riche diversité culturelle de ce pays, auquel j'ai déjà consacré mon précédent roman «La Fontaine de Sidi-Hassan», à travers son héros le peintre espagnol fictif Delbrezecque.

 

Enfin mon admiration pour cette grande figure de la littérature universelle qu'est Miguel de Cervantès et pour son personnage Don Quichotte.»


Force est de constater que le roman est une histoire de possession, que le personnage de Braham est habité par Cervantès. D'où la question : Pourquoi avez-vous choisi cette démarche ? A cela, l'auteur explique : «En fait, le personnage est surtout possédé par l'écriture, par la littérature. Le fantôme de Cervantès ne hante pas les vieux manoirs et n'a rien de diabolique, il ne fait qu'écrire ! C'est une possession bien singulière.

 

L'histoire de la possession elle-même est particulière puisqu'elle passe par une demande d'apprentissage de la langue espagnole, légitimée par le fait qu'elle soit revendiquée par le défunt père du héros. S'ajoute à cela une possession toponymique, puisque Braham le héros, dont le nom évoque, peut être, le père des religions monothéistes est possédé par l'esprit littéraire dans la Grotte de Cervantès à Alger.


La grotte renvoie aussi, dans mon roman, aux Dormants d'Ephèse-Ahl el Kahf et à l'allégorie, connue, que développe Platon. Ainsi entre le sommeil de Braham, qui accède au Barzach et le discours sur l'illusion et la réalité que développent l'esprit de Cervantès et l'exorciste Rezki dans leur dialogue, la possession n'est pas celle qu'on croit et d'ailleurs, même si le Diable fait une incursion dans le roman, il finit par s'éclipser car le concept de Lumière sauve en fin de compte et le héros et son fantôme. Un héros d'ailleurs «fantomatique» puisque nous ne le voyons vivre qu'à travers le personnage de Cervantès... tout comme Alonso Quijano vivait à travers Don Quichotte et Cervantès lui-même, en tant que narrateur, à travers ce dernier.»


C'est dire ainsi que, suivant le raisonnement de l'écrivain, «la possession est tout un jeu de miroirs, comme s'en explique le narrateur à la fin du roman».

 

Avec ce roman, «La roqya de Cervantès», l'écrivain, Ahmed Benzelikha, dit dans une écriture simple, mais ô combien savoureuse ! beaucoup de choses, suscitant des curiosités et donnant du plaisir à ses lecteurs, titillant la sensibilité de chacun et le faisant rêver au-delà des pages vers un imaginaire extraordinaire propre à cet étrange écrivain.


Yacine Idjer